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.Mais il serait impossible de biaiser et de procéder autrement.32À vingt heures précises, Higgins fit une entrée remarquée dans la chapelle Saint-Jean, dont l’accès était gardé par des policiers de Scotland Yard en uniforme qu’avait convoqués Scott Marlow.Datant de 1080, cette chapelle, occupant deux étages de la Tour blanche, était un superbe témoignage de la fin de l’art roman.Son surprenant état de conservation en faisait l’un des chefs-d’œuvre de l’architecture médiévale.D’une longueur de seize mètres et d’une largeur de dix, elle possédait de lourds piliers délimitant un espace central bordé d’un déambulatoire et soutenant un étage supérieur percé de fenêtres en arceaux.Higgins leva la tête vers la voûte.Il aimait ce sentiment très particulier d’être aspiré vers le ciel.La magie des vieilles pierres, taillées par la foi et le génie des artisans, défiait le temps.Aucune chaise ne défigurait l’édifice.Près de deux piliers du fond, un autel recouvert d’un drap liturgique de couleur verte.Étaient présents Patrick Holborne, lieutenant de la Tour, adossé à un pilier ; Sir Timothy Raven, grand chambellan, face à une fenêtre du déambulatoire ; Jane Portman, conservatrice, non loin de ce dernier ; Myosotis Brazennose, secrétaire administrative, assise sur la base d’un pilier ; le vieuxYeoman, près de l’autel ; Elie Bronstein, secrétaire du gouverneur, arpentant nerveusement le dallage.Le superintendant Marlow, anxieux, était debout devant l’autel.Lord Fallowfield se rua sur Higgins.– Qu’est-ce que ça signifie, inspecteur ? Je suis prisonnier, ici, dans la Tour dont je suis le gouverneur ! De qui vous moquez-vous ? J’exige de recouvrer immédiatement ma pleine et entière liberté !Lord Fallowfield élevait à peine la voix, mais sa colère froide était d’une grande intensité.Il avait l’œil impitoyable des hommes habitués à commander et à être obéis sur-le-champ.– Désolé de vous décevoir une nouvelle fois, répondit Higgins avec une mimique navrée, mais je ne peux faire aucune exception à la règle.Toutes les personnes présentes sont consignées ici pour la reconstitution des crimes.– Sur l’ordre de qui, inspecteur ?– De Sa Majesté elle-même.Elle m’a donné les pleins pouvoirs.Impressionné, Lord Fallowfield oublia la diatribe qu’il avait préparée.– Puis-je connaître vos intentions ?– Procéder à une analyse serrée des deux meurtres, Lord Henry, trouver la vérité et identifier l’assassin.Un épais silence succéda à la déclaration de Higgins.Ce dernier avait toujours le vague espoir qu’un criminel, torturé par le remords, se dénonçât pour implorer son pardon.Mais cela ne s’était encore jamais produit dans les affaires dont il s’était occupé.« Ses » criminels, auteurs de plans machiavéliques, estimaient qu’ils possédaient les meilleures chances de ne pas être découverts.L’atmosphère recueillie de la chapelle Saint-Jean servait Higgins.Elle lui ajouta un surplus de forces psychiques qui n’était pas dédaignable.Il fit quelques pas, examinant le visage de ceux qui s’étaient trouvés mêlés, plus ou moins volontairement, à cette sinistre affaire.Patrick Holborne, malgré le prestige de son uniforme, n’avait plus beaucoup d’allure.Son maintien de sportif élancé n’était qu’un souvenir.Il se tenait même un peu voûté.L’élégance raide de Sir Timothy Raven avait cédé la place à l’angoisse d’un homme vieillissant et dont la moustache perdait à vue d’œil sa belle ordonnance passée.L’admirable regard vert tendre de Jane Portman se voilait d’une ombre de lassitude.Myosotis Brazennose avait perdu son calme administratif, se tordant et se retordant les doigts comme si elle voulait se les arracher.Le vieuxYeomanavait les yeux hagards, tel un homme ivre.Elie Bronstein avait enfoncé son chapeau pied-de-poule de sorte qu’on ne distinguât point son regard.Lord Henry Fallowfield, gouverneur de la Tour de Londres était, comme à son habitude, d’une parfaite distinction sous laquelle perçait cependant une pointe d’inquiétude.Quant à Scott Marlow, il reprenait espoir.Les paroles prononcées par Higgins ne signifiaient-elles pas que l’ex-inspecteur-chef était sur le bon chemin ?– Pourquoi avoir choisi cet endroit ? s’étonna le grand chambellan.Nous pouvions nous installer dans une salle de réunion, dans le bureau du gouverneur ou…– Problème d’intensité spirituelle, le coupa Higgins.J’ai besoin d’une ultime inspiration et je m’en remets à saint Jean.Scott Marlow se demanda si cette difficile enquête n’avait pas affecté les capacités intellectuelles de Higgins.Son bel optimisme retombait.Si l’ex-inspecteur-chef sombrait dans une crise mystique, sa prétendue reconstitution ne serait qu’une tragique mascarade où Scotland Yard perdrait la face et dont lui, Scott Marlow, serait tenu pour le principal responsable.Higgins commença à déambuler dans la chapelle Saint-Jean, ne s’intéressant à personne en particulier.– Une enquête criminelle est un art difficile, exposa-t-il d’une voix posée et profonde.Elle exige de l’ordre, de la méthode et de l’intuition.Si l’un de ces trois facteurs vient à manquer, c’est l’échec assuré.Le criminel s’échappe, la victime continue à souffrir dans l’au-delà et la vérité est bafouée.Nous sommes réunis ici pour éviter qu’un pareil malheur ne se produise.Êtes-vous prêts à collaborer ?Un rire saccadé répondit à l’homme du Yard.– Bien sûr que non ! dit le vieuxYeoman.Higgins admira au passage les vitraux des fenêtres inférieures, provenant de la collection d’Horace Walpole.Un éclairage discret, dispensé par de grands candélabres disposés entre les piliers, favorisait le recueillement et la concentration.En de tels lieux s’élevaient les plus belles prières, dont les mots silencieux naissaient spontanément dans le cœur.– L’assassinat de Lady Ann est l’un des plus spectaculaires de l’histoire du crime, dit Higgins, s’adressant au mur qui lui faisait face et tournant le dos à ses interlocuteurs.Ce caractère exceptionnel aurait dû rendre aisée l’identification du meurtrier.C’est du moins ce que j’ai cru au premier abord, commettant un acte de vanité que j’ai amèrement regretté par la suite.Scott Marlow était stupéfait.Il n’avait jamais entendu Higgins faire amende honorable de cette manière.Mauvais signe.Il se préparait peut-être une porte de sortie.Les autres auditeurs demeuraient impassibles.– L’exhibitionnisme semble être le trait dominant du caractère de l’assassin, continua Higgins.Il tue à la hache, il tente de tuer avec un arc et une flèche, il provoque une noyade… La mort discrète n’est vraiment pas son fort [ Pobierz całość w formacie PDF ]

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