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.« Ainsi, continua l Anglais, qui reprit le premier son sang-froid, ainsi le fugitif fut noyé ? Bel et bien. De sorte que le gouverneur du château fut débarrassé à lafois du furieux et du fou ? Mais une espèce d acte a dû être dressé de cet événement ?demanda l Anglais. 454 Oui, oui, acte mortuaire.Vous comprenez, les parents deDantès, s il en a, pouvaient avoir intérêt à s assurer s il était mortou vivant. De sorte que maintenant ils peuvent être tranquilles s ilshéritent de lui.Il est mort et bien mort ? Oh ! mon Dieu, oui.Et on leur délivrera attestation quandils voudront. Ainsi soit-il, dit l Anglais.Mais revenons aux registres. C est vrai.Cette histoire nous en avait éloignés.Pardon. Pardon, de quoi ? de l histoire ? Pas du tout, elle m a parucurieuse. Elle l est en effet.Ainsi, vous désirez voir, monsieur, tout cequi est relatif à votre pauvre abbé, qui était bien la douceur même,lui ? Cela me fera plaisir. Passez dans mon cabinet et je vais vous montrer cela.»Et tous deux passèrent dans le cabinet de M.de Boville.Touty était effectivement dans un ordre parfait : chaque registre était àson numéro, chaque dossier à sa case.L inspecteur fit asseoirl Anglais dans son fauteuil, et posa devant lui le registre et ledossier relatifs au château d If, lui donnant tout le loisir defeuilleter, tandis que lui-même, assis dans un coin, lisait sonjournal. 455 L Anglais trouva facilement le dossier relatif à l abbé Faria ;mais il paraît que l histoire que lui avait racontée M.de Bovillel avait vivement intéressé, car après avoir pris connaissance de cespremières pièces, il continua de feuilleter jusqu à ce qu il fûtarrivé à la liasse d Edmond Dantès.Là, il retrouva chaque chose àsa place : dénonciation, interrogatoire, pétition de Morrel,apostille de M.de Villefort.Il plia tout doucement ladénonciation, la mit dans sa poche, lut l interrogatoire, et vit quele nom de Noirtier n y était pas prononcé, parcourut la demandeen date du 10 avril 1815, dans laquelle Morrel, d après le conseildu substitut, exagérait dans une excellente intention, puisqueNapoléon régnait alors, les services que Dantès avait rendus à lacause impériale, services que le certificat de Villefort rendaitincontestables.Alors, il comprit tout.Cette demande à Napoléon,gardée par Villefort, était devenue sous la seconde Restaurationune arme terrible entre les mains du procureur du roi.Il nes étonna donc plus en feuilletant le registre, de cette note mise enaccolade en regard de son nom :Edmond Dantès : Bonapartiste enragé : a pris une partactive au retour de l île d Elbe.À tenir au plus grand secret etsous la plus stricte surveillance.Au-dessous de ces lignes, était écrit d une autre écriture :« Vu la note ci-dessus, rien à faire.»Seulement, en comparant l écriture de l accolade avec celledu certificat placé au bas de la demande de Morrel, il acquit lacertitude que la note de l accolade était de la même écriture que lecertificat, c est-à-dire tracée par la main de Villefort.Quant à la note qui accompagnait la note, l Anglais compritqu elle avait dû être consignée par quelque inspecteur qui avait 456 pris un intérêt passager à la situation de Dantès, mais que lerenseignement que nous venons de citer avait mis dansl impossibilité de donner suite à cet intérêt.Comme nous l avons dit, l inspecteur, par discrétion et pourne pas gêner l élève de l abbé Faria dans ses recherches, s étaitéloigné et lisait Le Drapeau blanc.Il ne vit donc pas l Anglais plier et mettre dans sa poche ladénonciation écrite par Danglars sous la tonnelle de la Réserve, etportant le timbre de la poste de Marseille, 27 février, levée de 6heures du soir.Mais, il faut le dire, il l eût vu, qu il attachait trop peud importance à ce papier et trop d importance à ses deux centmille francs, pour s opposer à ce que faisait l Anglais, si incorrectque cela fût.« Merci dit celui-ci en refermant bruyamment le registre.J aice qu il me faut ; maintenant, c est à moi de tenir ma promesse :faites-moi un simple transport de votre créance ; reconnaissezdans ce transport en avoir reçu le montant, et je vais vous compterla somme.»Et il céda sa place au bureau à M.de Boville, qui s y assit sansfaçon et s empressa de faire le transport demandé, tandis quel Anglais comptait les billets de banque sur le rebord du casier. 457 XXIXLa maison Morrel.Celui qui eût quitté Marseille quelques années auparavant,connaissant l intérieur de la maison Morrel, et qui y fût entré àl époque où nous sommes parvenus, y eût trouvé un grandchangement.Au lieu de cet air de vie, d aisance et de bonheur qui s exhale,pour ainsi dire, d une maison en voie de prospérité ; au lieu de cesfigures joyeuses se montrant derrière les rideaux des fenêtres, deces commis affairés traversant les corridors, une plume fichéederrière l oreille ; au lieu de cette cour encombrée de ballots,retentissant des cris et des rires des facteurs ; il eût trouvé, dès lapremière vue, je ne sais quoi de triste et de mort.Dans ce corridordésert et dans cette cour vide, de nombreux employés quiautrefois peuplaient les bureaux, deux seuls étaient restés : l unétait un jeune homme de vingt-trois ou vingt-quatre ans, nomméEmmanuel Raymond, lequel était amoureux de la fille deM
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