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.Cependant je considérais la devanture en attendant le moment où mon nom crié par Elstir viendraitme frapper comme une balle attendue et inoffensive.La certitude de la présentation à ces jeunes filles avait eupour résultat, non seulement de me faire à leur égard, jouer, mais éprouver, l'indifférence.Désormaisinévitable, le plaisir de les connaître fut comprimé, réduit, me parut plus petit que celui de causer avecSaint-Loup, de dîner avec ma grand-mère, de faire dans les environs des excursions que je regretterais d'êtreprobablement, par le fait de relations avec des personnes qui devaient peu s'intéresser aux monumentshistoriques, contraint de négliger.D'ailleurs, ce qui diminuait le plaisir que j'allais avoir, ce n'était passeulement l'imminence mais l'incohérence de sa réalisation.Des lois aussi précises que celles del'hydrostatique, maintiennent la superposition des images que nous formons dans un ordre fixe que laproximité de l'événement bouleverse.Elstir allait m'appeler.Ce n'était pas du tout de cette façon que je m'étaissouvent, sur la plage, dans ma chambre, figuré que je connaîtrais ces jeunes filles.Ce qui allait avoir lieu,c'était un autre événement auquel je n'étais pas préparé.Je ne reconnaissais ni mon désir, ni son objet; jeregrettais presque d'être sorti avec Elstir.Mais, surtout, la contraction du plaisir que j'avais auparavant cruavoir, était due à la certitude que rien ne pouvait plus me l'enlever.Et il reprit comme en vertu d'une forceélastique, toute sa hauteur, quand il cessa de subir l'étreinte de cette certitude, au moment où m'étant décidé àtourner la tête, je vis Elstir arrêté quelques pas plus loin avec les jeunes filles, leur dire au revoir.La figure decelle qui était le plus près de lui, grosse et éclairée par ses regards, avait l'air d'un gâteau où on eût réservé dela place pour un peu de ciel.Ses yeux, même fixes, donnaient l'impression de la mobilité comme il arrive parces jours de grand vent où l'air, quoique invisible, laisse percevoir la vitesse avec laquelle il passe sur le fondde l'azur.Un instant ses regards croisèrent les miens, comme ces ciels voyageurs des jours d'orage quiapprochent d'une nuée moins rapide, la côtoient, la touchent, la dépassent.Mais ils ne se connaissent pas ets'en vont loin l'un de l'autre.Tels nos regards furent un instant face à face, ignorant chacun ce que le continentcéleste qui était devant lui contenait de promesses et de menaces pour l'avenir.Au moment seulement où sonA L'Ombre Des Jeunes Filles en Fleur, Volume 3 41A L'Ombre Des Jeunes Filles en Fleur, Volume 3regard passa exactement sous le mien sans ralentir sa marche il se voila légèrement.Ainsi, par une nuit claire,la lune emportée par le vent passe sous un nuage et voile un instant son éclat, puis reparaît bien vite.Mais déjàElstir avait quitté les jeunes filles sans m'avoir appelé.Elles prirent une rue de traverse, il vint vers moi.Toutétait manqué.J'ai dit qu'Albertine ne m'était pas apparue ce jour-là, la même que les précédents, et que chaque fois elledevait me sembler différente.Mais je sentis à ce moment que certaines modifications dans l'aspect,l'importance, la grandeur d'un être peuvent tenir aussi à la variabilité de certains états interposés entre cet êtreet nous.L'un de ceux qui jouent à cet égard le rôle le plus considérable est la croyance (ce soir-là la croyancepuis l'évanouissement de la croyance, que j'allais connaître Albertine, l'avait, à quelques secondes d'intervalle,rendue presque insignifiante puis infiniment précieuse à mes yeux; quelques années plus tard, la croyance,puis la disparition de la croyance qu'Albertine m'était fidèle, amena des changements analogues).Certes, à Combray déjà j'avais vu diminuer ou grandir selon les heures, selon que j'entrais dans l'un ou l'autredes deux grands modes qui se partageaient ma sensibilé, le chagrin de n'être pas près de ma mère, aussiimperceptible tout l'après-midi que la lumière de la lune tant que brille le soleil et, la nuit venue, régnant seuldans mon âme anxieuse à la place de souvenirs effacés et récents.Mais ce jour-là, en voyant qu'Elstir quittaitles jeunes filles sans m'avoir appelé, j'appris que les variations de l'importance qu'ont à nos yeux un plaisir ouun chagrin peuvent ne pas tenir seulement à cette alternance de deux états, mais au déplacement de croyancesinvisibles, lesquelles par exemple nous font paraître indifférente la mort parce qu'elles répandent sur celle-ciune lumière d'irréalité, et nous permettent ainsi d'attacher de l'importance à nous rendre à une soirée musicalequi perdrait de son charme si, à l'annonce que nous allons être guillotinés, la croyance qui baigne cette soiréese dissipait tout à coup; ce rôle des croyances, il est vrai que quelque chose en moi le savait c'était la volonté,mais elle le sait en vain si l'intelligence, la sensibilité continuent à l'ignorer; celles-ci sont de bonne foi quandelles croient que nous avons envie de quitter une maîtresse à laquelle seule notre volonté sait que nous tenons.C'est qu'elles sont obscurcies par la croyance que nous la retrouverons dans un instant.Mais que cettecroyance se dissipe, qu'elles apprennent tout d'un coup que cette maîtresse est partie pour toujours, alorsl'intelligence et la sensibilité ayant perdu leur mise au point sont comme folles, le plaisir infime s'agrandit àl'infini.Variation d'une croyance, néant de l'amour aussi, lequel, préexistant et mobile s'arrête à l'image d'une femmesimplement parce que cette femme sera presque impossible à atteindre.Dès lors on pense moins à la femmequ'on se représente difficilement, qu'aux moyens de la connaître.Tout un processus d'angoisses se développeet suffit pour fixer notre amour sur elle, qui en est l'objet à peine connu de nous.L'amour devient immense,nous ne songeons pas combien la femme réelle y tient peu de place.Et si tout d'un coup, comme au momentoù j'avais vu Elstir s'arrêter avec les jeunes filles, nous cessons d'être inquiets, d'avoir de l'angoisse, commec'est elle qui est tout notre amour, il semble brusquement qu'il se soit évanoui au moment où nous tenons enfinla proie à la valeur de laquelle nous n'avons pas assez pensé
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