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.Quand le bill estconfirmé par les lords et approuvé par le roi, alors tout le monde paie.Chacun donne, non selon sa qualité (cequi est absurde), mais selon son revenu ; il n'y a point de taille ni de capitation arbitraire, mais une taxe réellesur les terres.Elles ont toutes été évaluées sous le fameux roi Guillaume III, et au-dessous de leur prix.La taxe subsiste toujours la même, quoique les revenus des terres aient augmenté ; ainsi personne n'est foulé,et personne ne se plaint.Le paysan n'a point les pieds meurtris par des sabots, il mange du pain blanc, il estbien vêtu, il ne craint point d'augmenter le nombre de ses bestiaux ni de couvrir son toit de tuiles, de peur quel'on ne hausse ses impôts l'année d'après.Il y a ici beaucoup de paysans qui ont environ deux cent millefrancs de bien, et qui ne dédaignent pas de continuer à cultiver la terre qui les a enrichis, et dans laquelle ilsvivent libres.DIXIÈME LETTRE.SUR LE COMMERCE.Le commerce, qui a enrichi les citoyens en Angleterre, a contribué à les rendre libres, et cette liberté a étendule commerce à son tour ; de la s'est formée la grandeur de l'État.C'est le commerce qui a établi peu à peu lesforces navales par qui les Anglais sont les maîtres des mers.Ils ont à présent près de deux cents vaisseaux deguerre.La postérité apprendra peut-être avec surprise qu'une petite île, qui n'a de soi-même qu'un peu deplomb, de l'étain, de la terre à foulon et de la laine grossière, est devenue par son commerce assez puissantepour envoyer, en 1723, trois flottes à la fois en trois extrémités du monde, l'une devant Gibraltar, conquise etconservée par ses armes, l'autre à Porto-Bello, pour ôter au roi d'Espagne la jouissance des trésors des Indes,et la troisième dans la mer Baltique, pour empêcher les du Nord de se battre.Quand Louis XIV faisait trembler l'Italie, et que ses armées déjà maîtresses de la Savoie et du Piémont,étaient prêtes de prendre Turin, il fallut que le prince Eugène marchât du fond de l'Allemagne au secours duduc de Savoie ; il n'avait point d'argent, sans quoi on ne prend ni ne défend les villes ; il eut à des marchandsanglais ; en une demi-heure de temps, on lui prêta cinquante millions.Avec cela il délivra Turin, battit lesFrançais, et écrivit à ceux qui avaient prêté cette somme ce petit billet : « Messieurs, j'ai reçu votre argent, etje me flatte de l'avoir employé à votre satisfaction.Tout cela donne un juste orgueil à un marchand anglais, et fait qu'il ose se comparer, non sans quelque raison,à un citoyen romain.Aussi le cadet d'un pair du royaume ne dédaigne point le négoce.Milord Townshend,ministre d'État, a un frère qui se contente d'être marchand dans la Cité.Dans le temps que Oxford gouvernaitl'Angleterre, son cadet était facteur à Alep, d'où il ne voulut pas revenir, et où il est mort.Cette coutume, qui pourtant commence trop à se passer, paraît monstrueuse à des Allemands entêtés de leursquartiers ; ils ne sauraient concevoir que le fils d'un pair d'Angleterre ne soit qu'un riche et puissantbourgeois, au lieu qu'en Allemagne tout est prince ; on a vu jusqu'à trente altesses du même nom n'ayant pourtout bien que des armoiries et de l'orgueil.En France est marquis qui veut ; et quiconque arrive à Paris du fond d'une province avec de l'argent àdépenser et un nom en Ac ou en Ille, peut dire « un homme comme moi, un homme de ma qualité, etmépriser souverainement un négociant ; le négociant entend lui-même parler si souvent avec mépris de saprofession, qu'il est assez sot pour en rougir.Je ne sais pourtant lequel est plus utile à un État, ou un seigneurbien poudré qui sait précisément à quelle heure le Roi se lève, à quelle heure il se couche, et qui se donne desDIXIÈME LETTRE.SUR LE COMMERCE.14 Lettres philosophiquesairs de grandeur en jouant le rôle d'esclave dans l'antichambre d'un ministre, ou un négociant qui enrichit sonpays, donne de son cabinet des ordres à Surate et au Caire, et contribue au bonheur du monde.ONZIÈME LETTRE.SUR L'INSERTION DE LA PETITE VÉROLE.On dit doucement, dans l'Europe chrétienne, que les Anglais sont des fous et des enragés : des fous, parcequ'ils donnent la petite vérole à leurs enfants, pour les empêcher de l'avoir, des enragés, parce qu'ilscommuniquent de gaieté de coeur à ces enfants une maladie certaine et affreuse, dans la vue de un malincertain.Les Anglais, de leur côté, disent : « Les autres Européens sont des lâches et des dénaturés : ils sontlâches, en ce qu'ils craignent de faire un peu de mal à leurs enfants ; dénaturés, en ce qu'ils les exposent àmourir un jour de la petite vérole.Pour juger qui a raison dans cette dispute, voici l'histoire de cette fameuseinsertion, dont on parle hors d'Angleterre avec tant d'effroi.Les femmes de Circassie sont, de temps immémorial, dans l'usage de donner la petite vérole à leurs enfants,même à l'âge de six mois, en leur faisant une incision au bras, et en insérant dans cette incision une pustulequ'elles ont soigneusement enlevée du corps d'un autre enfant
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